Un état d’esprit slow pédagogie émerge en agissant sur les axes suivants : la considération de l’activité spontanée de l’enfant, le choix et la mise à disposition du matériel, le type des propositions ludiques.
Considérer l’activité de l’enfant c’est la regarder avec attention et l’estimer en respectant l’angle de vue choisi par l’enfant. Pour de multiples raisons, nous omettons souvent de considérer l’activité du jeune enfant. A regarder l’enfant qui construit une tour de Légos, qui tourne les pages d’un livre en tissu, qui déshabille une poupée, qui tape dans un ballon, qui fait une course à 4 pattes, qui aligne minutieusement ses petites voitures, qui dessine des ronds sur son ardoise magique ou encore qui creuse un tunnel dans le bac à sable, on dira assez spontanément que l’enfant est en train de jouer. Utiliser un seul et même terme pour des activités aussi variées que cela révèle assez bien la manière dont nous considérons celles-ci. Alors que l’enfant use de délicatesse pour construire sa tour, de concentration pour tourner les pages du livre, de motricité fine pour déshabiller sa poupée, de précision pour taper dans le ballon, de coordination pour faire une course à 4 pattes, de logique mathématique pour classer ses voitures, d’application pour bien fermer ses ronds dessinés et de stratégie physique pour que son tunnel ne s’écroule pas, nous estimons simplement et rapidement qu’il joue. Nous sommes en réalité en décalage de vitesse entre nous – adultes – déjà porteur de connaissances et eux – enfants- en posture d’apprenants. Alors que pour nous l’activité à laquelle s’adonne l’enfant nous semble banale, elle est, pour lui, absolument géniale ! En acceptant de considérer que l’enfant n’est pas juste en train de jouer mais qu’il est attelé à un vrai travail exploratoire qui contribue à son développement intellectuel, moteur, affectif et relationnel, nos attitudes vis-à-vis de lui vont changer et nous allons entrer naturellement dans un état d’esprit de Slow pédagogie. Chaque détail, chaque tentative, chaque effort, seront considérés positivement et son activité sera vue au global comme enrichissante pour lui. Valoriser l’activité spontanée de l’enfant, c’est entretenir le plaisir de la découverte et soutenir un développement conscient et autonome.
S’inscrire dans une démarche de Slow pédagogie c’est aussi penser le matériel et la façon de le mettre à disposition.
Parler de matériel c’est dire que les jouets ne sont pas (et de loin) les seuls supports d’éveil des jeunes enfants. C’est envisager que de nombreux objets présents dans l’environnement de l’enfant peuvent être intéressants à découvrir.
Animés par l’envie de comprendre le monde qui les entoure, les jeunes enfants ont souvent un fort attrait pour les objets issus de la vie quotidienne. L’enfant n’attend pas d’un objet qu’il soit appelé « jouet » pour avoir envie de le manipuler et d’en comprendre son fonctionnement. Pour lui, tous les éléments qui l’entoure sont des sources d’éveil. Il est même plutôt frustrant pour le jeune enfant de se contenter de faux-semblants (casseroles de dinette ou toutes autres répliques d’objets de la vie quotidienne). Parce que les tailles ne sont pas réelles, ni les couleurs, ni la fonctionnalité, il n’en veut pas ! C’est seulement après avoir pu toucher au réel, que l’enfant accepte le monde imité, soit vers 3-4ans généralement.
Du côté des « jouets » standards, on opte pour les objets dont la vocation n’est pas prédéfinie. Citons par exemple les petites planchettes de bois. Si les enfants plébiscitent tant ces planchettes si simples, si basiques c’est parce qu’elles possèdent une grande jouabilité. Elles peuvent être jouées de multiples manières. Tantôt elles sont éléments de construction, tantôt elles sont frites dans une casserole de dinette, etc… Pouvant être ré-inventées à l’infini, ces planchettes ont moins de chance d’être délaissées par l’enfant, en comparaison à un jouet dont la vocation est toute programmée.
Concernant la mise à disposition…